Pour souligner le Mois de la Fierté, on se transporte au Saguenay pour rencontrer Léonidas (il-ille-iel), Jennifer (elle) et Adora (elle). Le premier est agent de développement et intervenant chez Diversité 02, un organisme qui accompagne les personnes concernées par la diversité sexuelle et la pluralité des identités de genre. Les secondes forment un couple de même sexe et sont parties vivre à Métabetchouan-Lac-à-la-Croix l’an dernier, après avoir vécu à Montréal.
Tou.te.s les trois sont bien placé.e.s pour parler de leur vie en région en tant que membres des communautés 2SLGBTQ+, une réalité parfois méconnue ou incomprise. Quelles étaient leurs appréhensions relatives à leur retour en région après avoir vécu l’effervescence de la ville? Quels ont été leurs moyens de s’intégrer à leur nouveau milieu? Quels sont leurs meilleurs conseils pour une personne de la diversité sexuelle ou de genre? On leur a posé toutes nos questions!
De l’État de New York au Lac-Saint-Jean
Pour Jennifer, native de Chicoutimi, la région du Saguenay n’a plus de secret. Mais pour sa conjointe, Adora, arrivée de l’État de New York, tout était à faire. Elles se sont rencontrées en ligne alors que Jennifer vivait à Montréal pour son travail. Après 7 ans ensemble, il était maintenant temps pour elles de choisir où elles allaient s’établir. Leur amour pour la nature, le désir d’avoir un grand terrain et la proximité avec la famille de Jenny les ont convaincues d’opter pour le Lac-Saint-Jean. Elles ont trouvé leur maison de rêve à Métabetchouan-Lac-à-la-Croix et hop! la décision était prise.
Pour prévoir un atterrissage tout en douceur, elles ont participé à des activités de Portes ouvertes sur le Lac, un organisme qui accueille et accompagne les personnes immigrantes arrivant dans la région, et c’est ainsi qu’elles ont appris à nous connaître, nous, Place aux jeunes Lac-Saint-Jean! Elles ont pu bénéficier de la bonne communication entre les organismes (la force du réseau!) de la région pour obtenir de l’aide, entre autres pour les cours de francisation d’Adora, mais aussi pour rencontrer de nouvelles personnes et créer des amitiés.
Avant d’en arriver là, elles avaient quelques appréhensions en tant que couple homosexuel. Elles s’attendaient à des gens moins ouverts d’esprit, à peut-être avoir quelques regards en public, dans un village où tout le monde se connaît. Elles nous ont confié, en riant, qu’elles avaient même consulté les pages Facebook « Spotted » de l’endroit pour prendre le pouls des résident.e.s et savoir comment ils.elles communiquent entre eux.elles. C’est pas fou comme idée!
Finalement, Jennifer a été agréablement surprise de voir que depuis son départ, les perceptions avaient évolué dans sa région natale. Adora, quant à elle, a constaté que malgré la ruralité de l’endroit, tout le monde était bien sympathique avec elle, sauf un accro sur le fait qu’elle parle peu français – pour le moment, c’est important de le préciser!
Bien que les communautés 2SLGBTQ+ ne soient pas très affichées à Métabetchouan, Jennifer et Adora n’ont pas hésité à s’impliquer dans la vie communautaire pour faciliter leur intégration. Elles parlent en souriant des cuisines collectives qui leur ont permis de rencontrer des gens d’autres nationalités, un événement dont la popularité est grandissante. Elles sont également fières de siéger au sein du comité Municipalités attrayantes, qui souhaite mettre en place des moyens favorisant l’accueil, l’inclusion et la participation des personnes immigrantes. Leur proactivité se traduit maintenant en épanouissement!
Le communautaire en pleine action!
Bien que l’expérience de Jennifer et Adora soit positive jusqu’à présent, il reste encore du chemin à parcourir dans l’éducation à la diversité sexuelle et à la pluralité des identités de genre. Léonidas en fait maintenant son travail, chez Diversité 02. En tant qu’intervenant, il contribue directement à améliorer l’accès à l’information sur leurs différentes réalités dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
En quittant Alma pour Montréal, il savait déjà qu’il allait être de retour après ses études en sexologie. C’était important pour lui de ramener ses connaissances et son expérience en centre urbain dans sa région natale. Il est bien conscient qu’il y a moins de services pour les communautés en région, probablement en raison de la moins grande densité de population. Selon lui, il serait faux de dire que la situation est pire en région qu’en ville pour les membres des communautés 2SLGBTQ+. C’est simplement… différent.
Son attachement profond au Saguenay bénéficie maintenant aux communautés 2SLGBTQ+ sur place grâce à des groupes de discussion, des activités sociales, des formations et de l’accompagnement individuel. C’est ce qu’il aime de vivre et travailler en région : presque tout est à faire! Il y a de la place pour implanter ses idées et tous les organismes travaillent en synergie pour le bien-être de tou.te.s. Même avec les agent.e.s PAJR sur place! Il ne faut pas s’attendre à ce que tout le monde ait toute l’information nécessaire pour bien comprendre leurs réalités et enjeux, mais Léonidas constate généralement un climat de bienveillance dans les milieux qu’il visite.
Sur le plan personnel, le retour de Léonidas au Saguenay se passe bien, lui qui a retrouvé ses ami.e.s et ses proches. Il retrouve aussi la nature à proximité, autant la plage que la forêt, à son plus grand bonheur. Ce qu’il trouve le plus ardu, mis à part le manque de transport en commun et la recherche d’appartements, est la dating life. C’est plus difficile de rencontrer des personnes des communautés 2SLGBTQ+ en région, tout simplement parce qu’elles y sont moins nombreuses!
Malgré tout, il conseille à toute personne qui souhaite tenter la vie en région d’oser sortir, d’oser être soi-même. S’impliquer, c’est le meilleur moyen d’être bien… et de rencontrer! Pour trouver les ressources de votre région, on vous recommande le Répertoire d’Interligne, qui regroupe les ressources 2SLGBTQ+ du Canada, même celles en région!
De ces belles discussions, on comprend que les gens en région ne sont pas moins ouverts d’esprit, mais qu’ils ont possiblement été moins exposés aux communautés 2SLGBTQ+ près de chez eux. Une distance que les organismes comblent petit à petit, une action de sensibilisation à la fois. Comme nous l’a exprimé Léonidas, quelque part entre tolérance et bienveillance, tou.te.s gagnent à apprendre à se connaître et à aller à la rencontre de l’autre, dans le plus grand des respects. Et c’est pourquoi Jenny, Adora et Léonidas ont accepté de nous faire part de leur expérience et qu’ils continuent à s’impliquer dans leur milieu.
