Les régions du Québec attirent aujourd’hui des personnes venues de divers horizons culturels et géographiques. Que ce soit pour y travailler, y étudier ou y fonder une famille, ces nouveaux et nouvelles arrivant.e.s apportent avec eux leurs langues, leurs cultures, leurs histoires. L’espagnol, l’arabe, le créole haïtien, l’anglais ou encore le portugais résonnent désormais dans les rues, les écoles et les lieux de travail de plusieurs communautés régionales.
Mais si cette diversité linguistique est une richesse, elle cohabite avec une réalité essentielle: le français demeure la langue commune, celle qui permet de tisser des liens, d’accéder aux services, de s’intégrer et de participer pleinement à la vie citoyenne. Entre ouverture aux langues du monde et valorisation de la langue française, les régions tracent leur propre voie vers une cohabitation harmonieuse.
Une diversité linguistique croissante
Dans plusieurs MRC, les langues parlées à la maison se diversifient. À Charlevoix, un groupe appelé "Latinos en Charlevoix" rassemble des hispanophones qui envisagent de se constituer en OBNL. En Beauce-Sud, les brasseries organisent des soirées latines pour répondre à la demande d’une communauté mexicaine et colombienne de plus en plus présente. Dans Arthabaska, des familles venues d’Ukraine, du Maroc, de France ou de pays hispanophones enrichissent les écoles et les quartiers.
Les organismes d’accueil, les municipalités et les comités locaux s’adaptent à cette réalité en offrant des activités multilingues, des ressources traduites et des moments d’échange où chacun peut partager sa langue maternelle.
Le français comme langue de cohésion
Si la diversité enrichit les régions, le français est le fil conducteur. Il permet de comprendre les avis municipaux, de consulter un médecin, d’aider ses enfants dans leurs devoirs, ou de participer à un conseil de quartier. La langue française est le socle de la vie publique et du lien social au Québec. Pour plusieurs nouveaux arrivants, l’apprentissage du français est une étape clé. Chaque parcours est unique, comme en témoignent les récits de Ruby et Asma présentés ci-dessous.
Le témoignage de Ruby
« Ma langue maternelle, c’est le chinois. C’est une langue complètement différente du français : pas de genre, pas de conjugaison, pas d’accords à faire, etc. Donc quand j’ai commencé à apprendre le français à l’université, c’était vraiment un casse-tête. Il fallait retenir plein de règles tout le temps. Je mettais parfois du temps à formuler une seule phrase ! Mais petit à petit, j’ai commencé à mieux m’en sortir. Après trois ans d’études à l’université, le français me permettait de discuter avec les locaux lors mes voyages dans des pays francophones, elle m’aidait à faire une maîtrise et même trouver un emploi au Québec.
Le français a vraiment changé ma vie. Il m’a permis de vivre plein d’expériences, de prendre confiance en moi et de découvrir tout un autre monde. Je suis super contente d’avoir choisi cette langue, et je compte bien continuer à l’améliorer. » — Ruby
Le témoignage d'Asma
« Je suis originaire d’Algérie, où ma langue maternelle est l’arabe, et le français est notre deuxième langue. Quand je suis arrivée au Québec, cette connaissance du français m’a vraiment facilité la vie. J’ai pu communiquer dès le début avec les gens autour de moi, lire les brochures pour mieux connaître la région, et même comprendre les informations médicales importantes. Une fois, j’ai été malade et grâce à la langue, j’ai pu expliquer mes symptômes et recevoir les soins nécessaires. Aujourd’hui, je suis enceinte de mon premier enfant, et le français me permet d’échanger avec des organismes communautaires qui m’accompagnent dans cette nouvelle étape. Je lis aussi des livres très utiles sur la grossesse, ce qui me rassure beaucoup. » — Asma
Des défis bien réels
Malgré les progrès, l’intégration linguistique peut poser des défis. Certains adultes ont peu de temps pour suivre les cours de francisation en raison du travail ou des obligations familiales. D’autres éprouvent de la difficulté avec les accents régionaux ou les expressions locales. Des efforts supplémentaires sont parfois nécessaires pour rendre les services plus accessibles et accompagner les nouveaux arrivants sans les marginaliser. La clé est de proposer une francisation flexible, humaine et adaptée à chaque réalité.
Des initiatives inspirantes
Dans plusieurs régions, des actions concrètes voient le jour. Des soirées linguistiques, des clubs de lecture en français facile, ou des balados multilingues permettent aux gens de se rencontrer tout en apprenant. Par exemple, à Saint-Georges, un organisme communautaire offre du jumelage linguistique entre francophones et nouveaux arrivants. Les agents de Place aux jeunes, bien ancrés dans leurs milieux, jouent aussi un rôle clé pour orienter, encourager et créer des ponts entre les cultures.
Un avenir pluriel, enraciné dans le français
Valoriser la diversité linguistique ne signifie pas mettre de côté la langue française. Au contraire, c’est en accueillant les différentes langues et cultures que l’on renforce le désir d’apprendre celle qui nous unit tous ici : le français. Comme l’ont exprimé Ruby et Asma, cette langue commune peut transformer des vies, créer des opportunités et offrir un sentiment d’appartenance. Elle est bien plus qu’un outil de communication : elle est un lien social, un tremplin professionnel, une porte vers l’engagement citoyen.
En conclusion
Les régions du Québec ont tout à gagner à cultiver cette diversité, tout en continuant de faire du français le cœur de la vie collective. Car c’est dans ce dialogue vivant entre les langues et les cultures que se construisent des communautés ouvertes, résilientes et profondément humaines.