Quand les jeunes s’impliquent en région !

“Quand les jeunes s’impliquent en région !”
par PIER-LUC OUELLET

Les jeunes sont souvent accusés de tous les torts; ils sont paresseux, égoïstes et manquent de cœur à l’ouvrage. 

Pourtant, il suffit de regarder autour de soi pour voir que c’est faux. Au contraire, les exemples de jeunes qui s’impliquent dans leur milieu, qui sont engagés, qui font changer les choses sont nombreux. 

Et c’est encore plus vrai en région, où la jeunesse semble encore plus impliquée. 

Mais pourquoi les jeunes semblent-ils s’impliquer davantage en région? Et surtout, qu’est-ce qui les pousse à mettre l’épaule à la roue? 

On en a parlé avec Guillaume Tardif, conseiller municipal à Saint-Épiphane dans le Bas-Saint-Laurent, et Clément Turgeon, fondateur du Festif! de Baie-Saint-Paul dans Charlevoix. 

Transmettre l’implication

Les moins de 35 ans s’impliquent davantage en région que dans les grandes municipalités, et ce n’est pas nous qui inventons ça. 

Selon une étude commandée par Place aux jeunes en région il y a quelques années, il s’avérait que 52% des jeunes en région s’impliquaient dans leur milieu d’une façon ou d’une autre, contre une moyenne de 38% au Québec.

L’implication, Guillaume Tardif s’y connaît : il fait partie de la Corpo Épiphanoise de développement de Saint-Épiphane, du Club Optimiste, du Comité des loisirs, du Comité du 150e anniversaire, en plus d’être conseiller municipal… et ce n’est pas tout. 

Chaque année, lui et sa conjointe avec l’aide de ses parents organisent un BBQ avec leurs amis, la famille et leurs collègues de travail, et ils en profitent pour ramasser des fonds pour des œuvres de charité. Bref, l’implication le suit jusque dans ses temps libres! 

Qu’est-ce qu’il l’a mené à s’impliquer ainsi? 

« Quand j’étais jeune, j’allais au restaurant du village pour le dîner mensuel du Club Optimiste avec mes parents, parce qu’ils s’impliquaient eux-mêmes dans cet organisme. À force d’entendre les discours des gens qui s’impliquaient et qui invitaient les autres à le faire, je me suis senti interpellé ». 

C’est aussi un discours qui a inspiré Clément Turgeon à fonder le Festif! de Baie-Saint-Paul, un festival d’envergure qui attire plus de 40 000 festivaliers dans cette petite municipalité de 7 500 habitants

Mais dans son cas, il n’a pas entendu le discours qui l’a allumé lors d’un dîner dominical, mais bien lorsque Guy Laliberté et Daniel Gauthier sont venus célébrer les 25 ans du Cirque du soleil à Baie-Saint-Paul. En effet, le célèbre cirque a fait ses premiers pas dans ce petit village de Charlevoix, ce qui a inspiré Clément : 

“Je me suis dit que si eux avaient pu partir quelque chose de cette envergure à Baie-Saint-Paul, peut-être que moi aussi je pouvais me permettre d’espérer partir un festival! ”
Clément Turgeon

Le soir venu, il parle de ses ambitions à ses amis autour d’un verre (ou plusieurs). Comble du hasard, il croise le maire de la ville aux alentours de 2h du matin qui se promène dans la rue, lui aussi le cœur à la fête. Le politicien écoute les rêves du jeune Clément, et l’invite à passer à l’Hôtel de ville le lundi venu : « Le maire d’après moi il m’attendait pas, mais je me suis vraiment pointé à l’Hôtel de ville… et j’ai jamais rien fait d’autre que le Festif depuis ce lundi-là! »

Les fruits de l’implication

Et pourquoi on continue de s’impliquer, quand ça demande de si nombreux efforts? 

Pour Guillaume Tardif, l’implication est toute naturelle, et elle fait partie de sa vie depuis l’adolescence. Mais il apprécie aussi le fait qu’il peut voir les résultats de ses efforts. Notamment, avec le comité des loisirs, il a pu organiser une foule d’activités pour les gens de sa municipalité : « On garde toujours le souci dans nos activités de maintenir un coût aussi bas que possible. On veut que ça soit une occasion pour tout le monde de se rassembler et de se côtoyer ».

Et en tant que personne sous la barre des 35 ans, Guillaume sait aussi qu’il peut apporter quelque chose d’unique : « C’est sûr que quand il y a des jeunes dans un comité, les idées qui ressortent sont différentes. Des gens plus vieux qui ont vécu autre chose ne penseront pas nécessairement aux mêmes choses que moi… aussi, c’est clair que c’est moi qui s’occupe de gérer la page Facebook de nos évènements! », ajoute-t-il en riant. 

Son seul souhait? « J’aimerais voir des visages différents. Je suis impliqué dans plusieurs comités, et c’est sûr que ce sont souvent les mêmes visages qui reviennent! » Avis à tous, donc : si vous avez soif d’implication, les portes de Saint-Épiphane vous sont ouvertes! 

Clément Turgeon peut aussi mesurer toutes les retombées amenées par le festival qu’il porte avec son équipe depuis des années : « On mesure l’impact des retombées médiatiques. Dès que ça parle du Festif!, ça parle de Baie-Saint-Paul parce que les deux sont étroitement liés ». 

Cet attrait s’est même traduit par l’installation de néo-Baie-Saint-Paulois : « Les gens qui viennent au Festif!, ils ont entre 18 et 40, c’est une clientèle qui n’était pas nécessairement rejointe par l’association touristique, par la ville. [ ... ]On a fait découvrir Baie-Saint-Paul à des jeunes qui sont aujourd’hui devenus mes amis, qui ont déménagé à Baie-Saint-Paul à cause du Festif! »

Pourquoi s’implique-t-on davantage en région?

Reste une question : pourquoi l’implication est-elle plus grande en région? 

Évidemment, mes interlocuteurs ne sont pas des sociologues ou des psys, et ils n’ont pas mené d’études sur l’implication des jeunes; ils s’impliquent parce que c’est naturel pour eux. 

Mais je suis quand même curieux d’avoir leur avis. 

Pour Guillaume, la proximité rend l’implication plus facile :

“On est plus proches, on connaît tout le monde. Si on veut se rendre utile, c’est facile de trouver quelqu’un qui aurait besoin de notre aide.”
Guillaume Tardif

Et on voit aussi dans son histoire que l’implication, c’est quelque chose de contagieux; ses parents étaient impliqués, et ils ont transmis ces valeurs à leur fils qui s’implique à son tour… et qui a sans doute encouragé de nombreuses personnes à mettre la main à la pâte, sans même s’en rendre compte. 

Clément Turgeon abonde dans le même sens : « J’ai l’impression qu’il y a quand même plus un esprit de solidarité parce qu’on mesure un peu plus l’impact de nos gestes. Ça a des retombées positives pour des gens que je connais. »

Lui qui a habité quelques temps à Québec et Montréal a toujours eu ce désir de s’impliquer… mais dans les grandes villes, il ne savait pas par où commencer. 

La facilité de mettre en place un projet a aussi contribué à son implication; difficile de s’imaginer croiser la mairesse de Montréal dans un bar à 2h du matin et d’ainsi obtenir un rendez-vous à l’Hôtel de ville! Mais c’est ce qui s’est passé à Baie-Saint-Paul pour Clément Turgeon! 

Peu importe vos raisons et vos moyens, les régions répondent à l’appel de ceux qui cherchent à façonner le monde à leur image. Et ça, c’est une raison de plus d’aimer la vie en dehors de la métropole! 

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